BIOPOLE :
le débat est en train de sortir de la confidentialité où il était cantonné jusqu'à présent!
Mois
après mois, nous vous faisons part dans cette chronique de la situation de
Biopole et du combat mené par les riverains de cette usine pour la défense de
leur environnement. C’est l’histoire d’un projet conçu avec la volonté de
respecter les préceptes du Développement Durable mais qui semble s’acheminer
doucement mais sûrement vers un désastre écologique et financier !
Voici
les dernières nouvelles du « front »...
Gérard Pilet,
conseiller général et ancien maire de St Barthélemy dont on se souvient qu’il
avait été d’une certaine manière la première victime collatérale du projet de
transfert de l’usine d’incinération des ordures ménagères devenue Biopole, n’y
est pas allé de main morte dans la presse locale. Il parle carrément de « fiasco », ce qui sous-entend que
Biopole serait un échec définitif, aucune solution n’existant de fait pour
résoudre les problèmes récurrents qui sont apparus dès la mise en service de
l’usine il y a plus de trente mois.
Pour éviter la solution
de l’incinération considérée à l’époque comme le mal absolu, les élus avaient
opté pour une solution qui ne présentait sur le papier que des avantages :
propre et écologique, de surcroît économique en raison du recyclage des déchets
en énergie et en compost. Mais la mariée était peut-être trop belle et on se
demande sérieusement aujourd’hui si finalement on ne serait pas tombé de
Charybde (l’incinération) en Scylla (le tri mécano-biologique) ! On avait peut-être
à l’époque fait trop confiance à un concept certes séduisant du point de vue
environnemental mais qui n’avait pas encore apporté toutes les garanties de sa
fiabilité pour des unités importantes de traitement. La solution miracle
proposée dénommée TMB, était encore un peu expérimentale et si elle pouvait
donner satisfaction sur des petites unités de traitement en zones rurales avec
des déchets fermentescibles bien triés en amont, certains inconvénients étaient
déjà mis en évidence sur certains sites plus importants traitant des déchets
urbains plus diversifiés et forcément plus difficiles à trier. Mais le
constructeur et l’exploitant étaient tellement sûrs d’eux-mêmes avec des
innovations technologiques capables de surmonter les difficultés rencontrées, que
finalement ce choix arrangeait tout le monde : les élus de tous bords (et
pas seulement les « écolos »), les associations environnementales, la
population traumatisée par les risques de l’incinération...
Les riverains
incommodés regroupés au sein de Sebio et dont on peut dire que
la vie est devenue un enfer depuis la mise en service de l’usine, ont su faire
preuve jusque-là d’une patience inouïe. Ils ont accepté de jouer le jeu et de participer
sans arrière-pensée à toutes les démarches permettant de mettre en évidence les
nuisances subies afin de donner aux techniciens le temps et les moyens d’en analyser
les causes et de proposer des solutions adéquates pour les supprimer. Il faut aussi
reconnaître qu’Angers Loire Métropole (le maître d’ouvrage de l’usine), Vinci (le
constructeur) et Véolia (l’exploitant), n’ont pas jusque-là lésiné sur les moyens
pour pallier les défauts mis en évidence et les dysfonctionnements constatés. Jusqu’à
quand ?
Rien n’y fait en
effet : les odeurs sont toujours là et les mouches aussi lorsque certaines
conditions sont réunies. En 2012, il y a eu 156 jours d’odeurs signalées (la
limite légale admissible étant de 75h/an) et 57 jours d’invasion de mouches. A
juin 2013, il y avait déjà 75 jours d’odeurs et 27 de mouches (malgré pourtant une
météo défavorable à la prolifération de ces dernières) et ce malgré les
investissements importants qui ont été réalisés pour tenter de résoudre les dysfonctionnements
mis en évidence par les experts. L’emploi à doses importantes d’insecticide est
inquiétant, de même que l’extension du périmètre où les mauvaises odeurs sont
quelquefois ressenties : la Reux, le Colombier et même le centre-ville…
Voici des extraits significatifs
de mails transmis par le réseau d’alerte au cours de cet été :
« Que se passe-t-il à Biopôle ce soir
??????????Depuis 18 heures, nous avons les odeurs de l'usine jusqu'à la
Fontaine (2.5 km) !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »
« Rien
que de très "NORMAL" ...!!! Vers 18h les vents n'étaient pas encore
retombés, et venaient de l'Ouest, DONC.... Pas trop de ressenti sur le Bas des
Vignes, mais, bien "portées" (Merci aux "drapeaux indicateurs de
vent"), les effluves allaient jusque chez vous! Rien que de très NORMAL!!!
En tout cas, en effet, les odeurs étaient là (elles passaient légèrement vers
chez nous...), mais ne restaient pas sur le Bas des Vignes, elles ont été
"se promener" jusque chez vous. POUR l'INSTANT, Le Bas des Vignes est
épargné...........;
« La
soirée d'hier (01/08/2013) fut une horreur notamment avec un dîner à
l'extérieur (!) dans des odeurs à vomir...
Et quelques autres du même style !
Il en est un écrit par
un membre de Sébio en réponse à un responsable de Véolia et qui résume
parfaitement l’état d’esprit des riverains :
Bonjour
M. Ch...
Dans la continuité des remarques
incessantes de mes voisins qui se justifient amplement, je me permets
d'intervenir également dans les dysfonctionnements que nous rencontrons de plus
en plus et sur l'intensité des odeurs surtout les WE.
En tant qu'habitant du Bas des vignes, je
ne comprends pas qu'au bout de 2 ans de fonctionnement vous nous demandiez
encore de renifler et soyez toujours
surpris des odeurs continuelles qui s'évacuent du site de Biopole.
D'une part, vous nous avez signalé auparavant
que l'usine ne fonctionnait pas le WE, or cela devient les moments ou cela sent
le plus, ou cela pue le plus, que ce soit telles ou telles odeurs. Nous, qui
respirons pendant des heures cet air malsain, je vous dirais simplement, qu'il
y en a marre, je pense que c'est parti pour des années.
Je suis assez déçu de vos propos, sur
l'interrogation des odeurs. Cela fait déjà plus de 2 ans que vous exploitez
cette usine, aucun détail ne devrait vous échappez sur les process,
fonctionnements de matériels ou dysfonctionnements, pourquoi sans cesse avez-vous
besoin des voisins pour comprendre, ce que vous exploitez. Vous paraissez être
à notre écoute et rien ne s’améliore, je reste très perplexe sur les choses
entreprises
L'intégrité de l'usine est-elle respectée,
les portes et SAS restent ils bien fermés, le WE quelles opérations entreprenez-vous,
qui les exécutent ?, c'est vous qui avez les cartes en main, alors faites le
nécessaire et vite, car pour nous c'est de plus en plus intolérable.
Je pense que vous ne maitrisez pas la
situation (que ce soit à la suite d'une
mauvaise installation, ou un souci financier) mais je reste
persuadé que les odeurs qui existent, existeront toujours.
Même si vous n'y êtes pour rien, ce
sont uniquement nous qui subissons des désagréments et non pas vous ni les
autres personnes qui ont contribué au lancement de ce projet ... A un
certain moment, il faudra bien nous
proposer des choses si la situation semble irréversible.
L’usine n’est toujours
pas réceptionnée et des contentieux sont maintenant engagés. Malgré cela, dans
le même temps, Vinci, Véolia et les autres grandes sociétés qui exploitent ce
procédé, continuent à le commercialiser, en continuant à promettre monts et
merveilles aux élus qui veulent continuer à y croire malgré les évidences. Le
constructeur promet à chaque fois que la technologie progresse et qu’à
l’avenir, tout sera maîtrisé. Exactement le même discours que celui qui avait
été tenu aux élus angevins et avec aussi malheureusement, très vraisemblablement
les mêmes déconvenues à la sortie.
Combien de temps encore
les riverains devront-ils subir ces nuisances insupportables ? Comment tout
cela va-t-il se terminer et qui paiera l’ardoise dont le montant grossit chaque jour ?
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