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La Maison de Quartier de la Paperie

                                                  
Vous avez peut-être encore en mémoire les péripéties qui ont agité la vie de la Maison de la Paperie lors de la campagne des élections municipales inopinées de 2006 : à l’époque l’avenir était radieux… Depuis le vent a tourné et nos élus municipaux sont en train de s’interroger sur l’opportunité ou non de renouveler le contrat de celle qui anime cette maison de quartier depuis plus de cinq ans. Il y aurait une économie de 35000€ à la clef et alors qu’il faut serrer la vis des dépenses, c’est évidemment bon à prendre. Vu sous cet angle, il n’y aurait donc pas à hésiter !

Mais, comme cela avait été le cas pour la fermeture de l’école de la Venaiserie, n’aborder ce genre de problème que sous l’angle strictement financier peut conduire à des erreurs d’appréciation dont les conséquences peuvent être graves !

Si la municipalité avait décidé à une certaine époque la création d’un équipement propre au quartier de la Paperie alors qu’il existait des équipements centraux rayonnant sur tous les quartiers, c’est qu’elle avait des raisons. Pourquoi en effet créer un accueil pour les enfants de la Paperie plutôt que de les envoyer au CLSH de la Jaudette ? Pourquoi créer des animations spécifiques dans un équipement créé de toute pièce sur ce quartier alors que le CCAS (avec son centre social) propose des animations pour toute la ville ? Aujourd’hui l’environnement social du quartier aurait-il changé au point que toutes ces bonnes raisons auraient disparu comme par miracle et que ce quartier pourrait se passer dès maintenant des animations créées spécifiquement pour lui ?

Avant de décider quoi que ce soit, il faut bien mesurer tous les enjeux dont il est question. Voici quelques éléments de réflexion pour anticiper un peu ce qui va se passer dans les années qui viennent et dont il convient de tenir compte…

1) L’environnement social du quartier n’a pas fondamentalement changé et avec ses nombreux logements sociaux aux loyers relativement accessibles pour toutes les bourses, ce quartier va continuer à attirer des familles qui sont pour beaucoup d’entre elles en situation de précarité, voire de pauvreté ou d’exclusion. La crise en cours aurait même tendance à accroître ces difficultés.

2) Il est indéniable que le public qui fréquente la Maison de Quartier de la Paperie est quelque peu différent en raison de l’accueil spécifique qui lui est réservé et des horaires d’ouverture. Il est donc probable que beaucoup de personnes qui se trouvent à l’aise dans cet équipement, n’iraient nulle part ailleurs et seraient donc privées de tout lien social si cet accueil spécifique n’existe plus. Où les personnes du quartier en situation d’exclusion sociale pourront-elles se retrouver ailleurs que dans leur « maison » ? Où les enfants qui reçoivent du soutien scolaire et un encadrement approprié, trouveront-ils ailleurs le même accueil ?

3) Considérer que cet équipement peut fonctionner avec exclusivement des bénévoles constitue probablement une grave erreur d’appréciation : dans ce quartier comme partout ailleurs, le bénévolat vieillit et s’épuise…

4) Le quartier est appelé à une grande mutation dans les années qui viennent avec la construction de quelque 1000 logements nouveaux. Est-ce au moment où les premiers nouveaux habitants vont arriver qu’il faut réduire le niveau et la qualité des services dans le quartier ? L’ambition ne consiste-t-elle pas, à travers une meilleure mixité sociale, à transformer l’image de ce quartier et à en faire un quartier comme tous les autres à St Barth ?

5) Au-delà des missions actuelles qu’elle remplit avec efficacité et une grande conscience professionnelle, ne faut-il pas s’interroger sur l’élargissement du rôle de cette animatrice à une nouvelle fonction d’accueil des nouveaux habitants pour bien réussir leur intégration dans le quartier ?

Si au terme de ce questionnement, on considère toujours que tout cela ne vaut pas 35000€ de coût annuel et qu’on peut en faire l’économie, eh bien économisons-les ! Mais il y a des secteurs où on se pose moins de questions et où l’argent public est dépensé à moins bon escient…