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BIOPOLE : chronique d’un échec annoncé !

Mois après mois, nous vous faisons part dans cette chronique de la situation de Biopole et du combat mené par les riverains de cette usine pour la défense de leur environnement. C’est l’histoire d’un projet conçu avec la volonté de respecter les préceptes du Développement Durable mais qui semble s’acheminer doucement mais sûrement vers un désastre écologique et financier !

Voici les dernières nouvelles du « front »...

Les riverains sont maintenant quelque peu rassurés quant à la détermination d’ALM d’aller jusqu’au bout pour obtenir que Biopole réponde aux objectifs fixés lorsque la décision a été prise de choisir une solution "écologique " du traitement des déchets. La réception de l’usine normalement prévue au mois de février a été repoussée...

 On va donc entrer dans une phase de bras de fer entre les trois partenaires de Biopole. Le premier d’entre eux, Angers Loire Métropole, maître d’ouvrage et donc "financeur" du projet (60M€), est en droit d’exiger que l’usine de traitement construite réponde en tous points aux exigences du cahier des charges : taux de refus, quantité et qualité du compost produit, énergie produite grâce à la méthanisation et à la cogénération.

Le deuxième partenaire est le groupe Vinci, le constructeur de l’usine qui a vendu un procédé industriel appelé TMB (Tri Mécano Biologique) en garantissant la fiabilité du procédé grâce aux améliorations qui avaient été apportées par rapport à d’autres usines déjà installées ailleurs et qui ne donnaient pas satisfaction. Les premiers mois de fonctionnement ont été pour le moins chaotiques et de multiples travaux ont dû être réalisés pour tenter d’améliorer les résultats constatés. Il faudra bien évidemment faire la part des choses entre ce qui relève des malfaçons d’un côté et des lacunes du procédé industriel de l’autre.

Enfin, il y a Véolia Propreté, l’exploitant de l’usine, qui est chargé de suivre au jour le jour la réception des déchets entrant dans l’usine et de les transformer en compost, en énergie... mais aussi d’évacuer les refus qui ne sont pas recyclables vers les centres d’enfouissement ou vers Lasse pour être incinérés.

Les relations entre ces trois partenaires se tendent de plus en plus et les contentieux paraissent inévitables eu égard aux enjeux financiers en question. ALM exige le respect du cahier des charges auprès du constructeur et de l’exploitant. Mais ceux-ci vont peut-être de leur côté essayer de faire valoir la mauvaise qualité des déchets qui arrivent à l’usine, dont ALM est responsable et qui seraient la cause de tout ou partie des dysfonctionnements constatés. C’est en effet ALM qui organise le tri en amont et les résultats obtenus après le tri et les transformations tout au long de la chaîne de traitement sont évidemment liés à la nature de ces déchets : pourcentage de matière organique transformable en biogaz et en compost, qualité du tri en amont pour éviter l’excès de plastique et de verre...

Le nouveau panneau posé récemment par Sebio? près de Biopole
On mesure évidemment l’importance des expertises qui vont établir le niveau de responsabilité de chacun. Lorsque Vinci a « vendu » son procédé industriel à ALM et lorsque Véolia Propreté a accepté de l’exploiter, il était clairement affirmé que le TMB était capable de faire le tri des déchets ayant subi un pré-tri tel qu'il a été mis en place chez les usagers. Si aujourd’hui ces entreprises veulent faire porter la responsabilité à ALM sous le prétexte que les usagers ne font pas correctement ce que leur procédé industriel est censé bien faire, on est en droit de se demander s’il n’y a pas tromperie de leur part...

Il faut par ailleurs faire observer qu’ALM a accepté de se porter volontaire pour expérimenter l’amélioration du tri en amont en acceptant certains plastiques exclus jusque-là (pots de yaourts et emballages plastiques de toutes sortes...), ce qui améliore sensiblement la qualité des déchets à traiter à Biopole. Entre janvier et octobre, ce sont plus de 350 tonnes en moins d’emballages et de films légers en plastiques que la chaîne de traitement TMB n’aura pas eu à traiter, ce qui est loin d’être négligeable en terme de quantité.

Nul doute que chacun défendra chèrement sa peau et que l’on n’est peut-être pas près de sortir de l’imbroglio juridique qui vient de commencer. Pour l’heure, on attend les premières conclusions des expertises en cours, lesquelles devraient déjà donner des indications sur les responsabilités de chacun dans les résultats constatés. Ce dont on est sûr et les riverains sont là pour le constater au quotidien, ces résultats sont pour l’instant très mauvais et inquiétants.

Qu’on en juge :

- La capacité totale de l’usine est de 90000T/an et le tonnage traité en 2012 aura été de 60000T soit les 2/3 de la capacité de l’usine. Pour améliorer le taux de matière organique et faciliter la méthanisation, il a en outre été apporté quelque 6000T de déchet végétal supplémentaire, très largement au-dessus de la quantité prévue au départ.

- La quantité de compost valorisée aura dépassé 5000T (4810T à fin novembre), les déchets ferreux 800T environ (727T à le fin de novembre), les plastiques légèrement plus de 70T (67T fin novembre)... C’est Terrena, la grande coopérative agricole, qui commercialise et qui suit l’usage de ce compost par les groupements d’agriculteurs volontaires. Depuis l’été, ce compost est jugé non-conforme en raison de la présence excessive de plastiques durs, ce qui a pour conséquence l’obligation de les enfouir. En terme de bilan, cela se traduit pour l’exploitant par un surcoût important...C’est au niveau du traitement qu’il faut bien entendu trouver la solution pour les rendre de nouveau conformes et utilisables par les exploitants agricoles. 

- Le refus total en 2012 sera compris entre 30 et 35000T à un taux de 54% au lieu des 42% envisagés.

- La vente d’électricité à ERDF sera supérieure à 6000 Mwh (5510 à la fin octobre).

- Enfin et ce n’est pas le moindre des dysfonctionnements de Biopole, 124 jours de signalement (les riverains parlent de 180 jours soit un jour sur deux!) ont été relevés en 2012 concernant essentiellement les nuisances d’odeurs subies par les riverains et la présence de mouches. 

Au vu de tout ça, on a malheureusement l’impression que cette rubrique n’est pas encore sur le point d’être fermée !


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