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Elections municipales à St Barth : 

les cartes sont rebattues!

Le paysage politique est devenu à la fois plus clair et plus compliqué depuis que le maire a annoncé qu’il ne se représentait pas et que sa majorité s’est scindée en deux camps irréductibles...



Après les explications qu’il a données au cours de sa conférence de presse, on voit mal comment le maire pourrait faire marche arrière, même dans une situation jugée catastrophique où le camp qu’il représente serait en danger à la suite de la scission intervenue au mois de septembre. Il lui serait en effet dorénavant impossible de servir de recours si le « danger » de la victoire de la gauche se précisait, pour rejouer le scénario qui avait si bien réussi en 2006 et 2008. On a senti pointer chez lui l’amertume de ne pas avoir réussi la sortie qu’il espérait.

C’est l’adjoint à la communication et aux ressources humaines qui a brûlé la politesse à l’adjointe à l’urbanisme et aux grands travaux pour se lancer le premier dans la course, avec un discours qui laisse entendre que la rupture de la majorité municipale est maintenant définitive et irréversible. Cet avis est confirmé par sa rivale et il est donc maintenant très probable, sauf à se moquer des citoyens, qu’aucune fusion des deux listes issues de l’actuelle majorité ne sera possible pour le 2ème tour... C’est dire à quel point la confrontation a dû être rude entre deux camps ! Observateurs attentifs de la vie municipale, nous avions senti qu’il existait des tensions depuis quelque temps, mais nous n’imaginions pas une telle issue !

Cette situation a au moins un grand mérite, celui d’apporter plus de clarté dans la situation politique réelle dans laquelle se trouve la commune et de mieux cerner les camps en présence.  Il y aura donc trois listes au 1er tour :

1) Une liste soutenue par la droite bartholoméenne (et angevine) et certainement activée en sous-main par l’UMP, même si cette liste se cache derrière le label « bidon » du rassemblement. Le masque derrière lequel la droite locale s’est toujours cachée, est enfin tombé. C’est semble-t-il ce camp qui a pris l’initiative de la rupture au sein de la « municipalité de rassemblement » initiée en 2006 et 2008 par le maire actuel, alors que celui-ci, bien qu’il s’en défende, semblait avoir coopté l’adjoint à la communication pour lui succéder.

Le leader de cette liste est une collaboratrice de Béchu, président du Conseil Général qui postule à la mairie d’Angers et à la présidence d’ALM. Au-delà du souhait probable de la droite locale d’infléchir certaines orientations des politiques menées jusque-là par la municipalité, la stratégie que cette candidature révèle est d’apporter un soutien clairement assumé et ferme au futur président éventuel d’ALM, dans une assemblée communautaire au sein de laquelle les maires de gauche ont été jusque-là en majorité.

2) Une liste qui se définit comme apolitique, ce qui est toujours surprenant lorsqu’on fait de la politique, ce label étant souvent utilisé pour ne pas avouer qui on est véritablement. Elle est constituée au départ de transfuges de la majorité actuelle avec d’un côté ceux qui avaient déserté la gauche entre 2001 et 2006 pour rejoindre la droite en 2006 et de l’autre ceux qui avaient représenté la fameuse 3ème liste de 2006 mise en place pour "torpiller" le maire sortant.

C’est la représentation de ce qu’on peut appeler le « ventre mou » du paysage politique qui ne peut produire hélas, le plus souvent, que des projets eux aussi « mous », en demi-teinte et dénués de visions fortes, porteuses d’espoir et de grandes innovations. La droite avec laquelle le leader de cette liste a collaboré hier et qui est aujourd’hui sa rivale, commence à dire de lui "qu'il veut dépenser sans compter » et que donc avec lui, « les impôts vont augmenter ». Ambiance...

Quoi qu’il en soit, on ne peut pas dénier à son leader, à travers son parcours professionnel, d’être pétri de valeurs humanistes et républicaines fortes et bien revendiquées. C’est d’ailleurs grâce à cet affichage qu’il espère attirer à lui une part des citoyens qui se retrouvent majoritairement à gauche lors des élections nationales et régionales. 

En plus de celui du maire sortant, il fait aussi état du soutien de J Gilles, ancien maire d’avant 2001, soutien non confirmé publiquement pour l’instant. Il revendique donc en quelque sorte d’être l’héritier d’une sorte de continuité politique qui a existé depuis plus de 50 ans à St Barth, si on excepte la parenthèse 2001-2006. Il ne faut donc pas le sous-estimer.

3) Une liste de gauche-centre-gauche et verte qui n’a pas encore dévoilé sa stratégie, ni le nom de celui ou celle qui en sera la tête de liste. On ne sait pas encore précisément quels seront les élus de l’opposition actuelle qui en feront partie, ni si elle va rassembler toute la gauche. Cette liste se trouve en position de challenger dans un match à trois et ses chances ne sont pas à négliger malgré la conjoncture difficile qui sera celle de la gauche au niveau national. Par ailleurs, elle se garde bien de dévoiler trop vite les projets qu’elle souhaite porter pour éviter le risque, comme en 2008, de se voir piller ses bonnes idées par ses adversaires.


Dans le contexte politique actuel, bien malin est celui qui peut dire quel sera le poids respectif de ces trois listes au soir du 23 mars prochain. Avec les nouvelles règles qui imposent le seuil de 10% de suffrages exprimés pour être présent au 2ème tour et qui n’autorisent que les fusions complètes des listes, le jeu devient très ouvert. Il ne faut pas non plus exclure une forte abstention en raison du désenchantement de l’opinion par rapport à la politique, abstention qui pour l’instant profite plus à l’extrême-droite, certainement absente du scrutin à St Barth, qu’à la droite classique.

Plusieurs scénarios sont donc possibles dans un contexte où les principaux leaders des querelles nées après 2001 et qui ont « pourri » le débat municipal y compris au cours du présent mandat, ne seront plus dans le jeu. On va peut-être ainsi éviter les « acrimonies » de caractère personnel qui ont tant pollué le débat municipal depuis 2001.
  
Le 1er scénario qui vient à l’esprit est un match à trois au second tour ! Mais ce n’est pas forcément celui qui va s’imposer. Dans une élection triangulaire en effet, on voit bien la position charnière et le poids stratégique que représente la liste qui arrive en 3ème position au 1er tour, qu’elle ait ou pas obtenu les 10% nécessaires pour se maintenir. En fonction des scores obtenus, elle peut en effet disposer de la capacité de « monnayer » ses voix pour faire basculer le scrutin en faveur de l’une ou l’autre des deux listes arrivées en tête...


La campagne risque donc d’être passionnante et on y verra peut-être plus clair lorsque le moment sera venu de confronter les projets respectifs des trois listes en présence.

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