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LE DOSSIER DU MOIS

La piscine : le  grand bouillon ?
La piscine va ouvrir dans un an. L'ardoise aura fortement augmenté malgrè l'abandon de toutes les options de développement durable. Mais le plus grave est qu'elle risque d'être fermée lorsque la demande des usagers sera la plus forte...


Un mauvais choix originel !

Le chantier de la piscine va bon train... Il y a un peu de retard dû aux intempéries de l’hiver mais tout va se rattraper dans l’année qui reste avant l’ouverture. La réception du chantier est en effet prévue au mois de mai 2012.

On peut affirmer sans risque de se tromper que ce sera un bel équipement, l’architecte ayant su tirer un beau parti du site. L’image ci-dessus donne une idée de ce que sera son aspect final, vu de la RD 347.



Mais, cette opération-phare du mandat n’aura pas été une affaire très simple. On en parle depuis 2001 avec à l’époque deux options radicalement opposées : d’un côté, une solution « neuve » à la Reux de l’autre, la réhabilitation-extension de la Baleine Bleue à la Venaiserie. Avec le changement de municipalité en 2006, c’est cette dernière option qui a définitivement primé...

Une option de départ discutable !

Mais depuis que le projet est entré dans sa phase opérationnelle un peu avant les élections de 2008, il aura connu quelques vicissitudes, en lien avec un manque évident de maîtrise du projet. Le choix de réhabiliter la Baleine Bleue et d’y faire une extension, motivé par les économies que l’on pouvait espérer du maintien de bassins et des équipements techniques existants (chaufferie, filtration...), n’a pas en effet été aussi simple et évident qu’il n’y paraissait.

Les équipements techniques sont déjà anciens et quelque peu obsolètes, et donc plus coûteux en maintenance tout en étant moins performants du point de vue énergétique. De plus, ce choix imposait de réhabiliter un bassin extérieur fissuré et plutôt en mauvais état. Mais il y a une conséquence beaucoup plus pénalisante : les deux bassins, celui tout neuf de la piscine couverte et celui extérieur qui va être « rafistolé » à grands frais, ne peuvent pas fonctionner simultanément et pour opérer le basculement de l’un à l’autre, le délai minimum requis est de 48h. Ce qui impose un mode de fonctionnement peu souple...

En hiver, c’est l’équipement neuf qui va fonctionner avec des installations performantes alors qu’en été, on revient au mode ancien avec les seuls bassins extérieurs en service. Hormis l’amélioration des conditions d’accueil des usagers, le nouvel équipement n’apportera aucune amélioration entre le mois de juin et le mois de septembre. On peut donc se retrouver dans la situation où, malgré une dépense de plusieurs millions d’euros, les usagers pourraient, en cas de mauvais temps prolongé en plein été, ronger leur frein devant leur magnifique nouvelle piscine, sans pouvoir en profiter !

Cherchez l’erreur !

Lorsque la minorité municipale a mis le doigt sur cette anomalie et ce qui constitue un non sens, il n’en a été tenu aucun compte !


Une opération coûteuse et mal maîtrisée !

A l’origine du projet, on allait se montrer plus économe que la précédente municipalité qui voyait grand et cher ! On ne dépasserait pas 4M€ de dépenses réelles pour la commune.

Promis, juré, croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer!

C’est d’ailleurs sur cette base que la demande de subvention a été faite à la Région des Pays de la Loire, dans le cadre Contrat Territorial Unique initié par Angers Loire Métropole. Rapidement, le coût d’objectif officiel a donc été fixé à 5,7 M€ TTC, lequel, avec le remboursement de la TVA et la subvention de 800000€ promise par la Région (20% des investissements), allait permettre de respecter cet objectif.

En l’absence de programme précis et donc d’estimations préalables fiables, avec de surcroît des promesses faites en lien avec les options de développement durable devenu le credo de la municipalité, mais également et surtout avec tous les aléas liés à la remise en état des équipements anciens, les estimations ont rapidement dérivé, voire « explosé ». Certaines ambitions de départ allant dans le sens d’une meilleure maîtrise de la dépense énergétique (dont les toitures végétalisées) se sont avérées trop coûteuses et ont donc dû être abandonnées rapidement. De même, des options de confort du type sauna et jacuzzi sont également passées à la trappe !


Le projet définitif a été approuvé sur la base d’une estimation prévisionnelle de 4,7M€HT de travaux, ce montant n’incluant pas les aménagements extérieurs de voirie pour améliorer la desserte de la piscine et du collège et le stationnement à proximité. Avec les honoraires et l’ensemble des dépenses annexes, la dépense totale avant les appels d’offre était estimée à 6, 875M€ TTC, plus d’un million d’euros au-dessus du coût d’objectif fixé à l’origine.

Comble de malchance, les appels d’offre n’ont pas été excellents dans une conjoncture pourtant réputée favorable. Le montant des marchés de travaux (avec quelques avenants à venir qui vont encore un peu alourdir l’ardoise) s’établit à 5 150 500€ HT, soit 450 000€ de plus que le dernier coût d’objectif de l’Avant Projet Définitif.

Il n’est pas très facile de s’y retrouver dans les coûts avec des montants annoncés tantôt HT tantôt TTC, comprenant ou non le coût des études et les honoraires de la maîtrise d’œuvre. Mais lorsqu’on fera les comptes, sans oublier les dépenses que la ville aura peut-être la tentation de sortir du bilan de cette opération, on va très allègrement dépasser les 7M€ TTC de dépenses qu’on peut attribuer à ce projet. Il est vrai que la ville va récupérer près de 900 000€ de TVA et qu’elle a bénéficié de deux subventions de 800 000€ (dont une in extremis de Jeunesse et Sports dont on a très peu parlé et que l’on peut peut-être attribuer à la relation privilégiée entre la Ministre des Sports de l’époque et notre maire). Au final, le coût réel net pour la ville, en comptant les travaux annexes de voirie actuellement hors opération, pourrait donc se situer légèrement sous la barre de 5M€ !

20% seulement de dépassement réel des dépenses par rapport à ce qui était annoncé, c’est presque miraculeux ! Mais il faut se souvenir que l’équipement réalisé n’est pas tout à fait celui qu’on aurait pu espérer, toutes les options de confort et de développement durable ayant été supprimées ! Et surtout, au final, le nouvel équipement va pâtir, sa vie durant, d’un défaut majeur lié à l’option de départ : ne pas pouvoir fonctionner à plein dans des conditions idéales, en cas d’intempéries capricieuses en été lorsque la demande des usagers est peut-être la plus forte.

Fonctionnement : les bons choix ?

200 000€ de plus par an pour le fonctionnement de la piscine par rapport à ce que coûtent le BAM et la Baleine Bleue dans leur version actuelle : c’est l’estimation annoncée sans autre précision lorsque la question a été posée au Conseil Municipal. Mais ce n’est qu’une prévision.

On ne revient pas sur le choix de la régie municipale, retenue à priori et sans que la comparaison avec d’autres modes de gestion éventuellement plus performants et plus souples, sous la forme de Délégation de Service Public (DSP), n’ait été esquissée!

En dehors des postes de personnel qu’il faudra créer (maître(s)-nageur(s) supplémentaire(s), personnel d’accueil permanent, techniciens de surveillance et d’entretien...), le poste-clé sera évidemment celui de l’énergie... Dans ce domaine, on peut émettre des doutes très sérieux sur la pertinence des choix techniques qui ont été faits.

Et surtout, la ville a peut-être laissé passer une opportunité très intéressante !

Ainsi, la fourniture d’énergie par Biopole à un coût maîtrisé et sans avoir à pâtir des perspectives pour le moins inquiétantes pour les années à venir, liées à l’augmentation importante des énergies fossiles, n’aura même pas été explorée. Angers Loire Métropole, en recherche de gros consommateurs dans le voisinage de l’usine en vue de valoriser le biogaz produit par le recyclage des déchets, avait pourtant sollicité la ville à ce sujet. Le refus de celle-ci de s’y intéresser aurait été motivé à l’époque par l’incompatibilité des plannings (pour quelles raisons ?), ainsi que par l’inadaptation des équipements existants à la Baleine Bleue à la forme d’énergie produite par Biopole.

Vraiment ? Si c’est le cas, il faudrait se demander si lorsqu’on parle de développement durable dans cette mairie, on se donne vraiment les moyens d’aller au fond des choses ou s’il ne s’agit que de bavardage sans intérêt !



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