Berges de Maine : un projet pour le
Grand-Angers
Les bartholoméens ne se sont peut-être pas beaucoup intéressés au
projet appelé Berges de Maine dont il a été beaucoup question à Angers au cours
des derniers mois. C’est peut-être un peu dommage car ce projet ambitieux a une
dimension qui dépasse très largement les frontières de la seule ville
d’Angers...
Bordeaux a ses quais aménagés qui
mettent bien en scène toute la ville le long de son fleuve-estuaire, Lyon a sa
liaison verte et douce ininterrompue de plusieurs kilomètres entre le Nord et
de Sud de la ville en rive gauche du Rhône, liaison reconquise sur des quais
totalement dédiés au stationnement et qui rehausse la qualité de l’ensemble du
centre-ville... Demain, Angers aura ses berges totalement réaménagées pour
réunifier les deux morceaux de son centre historique...
On en parlait depuis quelques
années déjà… et des débats avaient agité le conseil municipal angevin sur l'opportunité
de faire disparaître la voie des berges. Au terme d’une maturation longue qui a
d’ailleurs associé un groupe de 90 angevins volontaires tirés au sort, un
concours international a enfin pu être lancé en 2010. Ce concours devait conduire au choix d'une équipe multidisciplinaire capable de proposer une vision à long terme et un cadre global dans lequel pourra se réaliser l'intégration de la Maine dans le centre-ville, dont la rive gauche est actuellement défigurée par la saignée de la quatre-voies avec ses trémies...
Il s’agissait donc en quelque sorte de définir un
scénario pour créer un centre-ville pour le XXIème siècle et également de
donner d’Angers une image environnementale forte susceptible d’améliorer
sa notoriété et son rayonnement.
Le cahier des charges soumis aux
trois équipes multidisciplinaires invitées à concourir comportait plusieurs
volets :
- - l’ «effacement » de la quatre-voies qui
remplit des fonctions importantes dans la desserte de la ville centre mais qui
constitue en contrepartie une coupure entre le centre-ville et sa rivière
- - la valorisation des paysages naturels et urbains
qui constituent le site de la
Maine entre le pont de Segré en amont et la confluence avec la Loire en aval et la création
d’un "couloir de biodiversité" entre les basses vallées de part et
d’autre d’Angers
- - la reconquête du site de St Serge et
l’intégration de Gare+ en cours de restructuration, pour créer les conditions
de la dynamisation du centre-ville sur des périmètres élargis...
Il s’agit donc comme on le
voit d’un programme de très grande ampleur appelé à se réaliser par tranches
sur plusieurs décennies. Eu égard aux évolutions qui ne manqueront de survenir
durant cette longue période, il n’était évidemment pas question de trop rentrer
dans les détails de l’aménagement mais de penser un projet flexible qui
fixerait néanmoins quelques grandes orientations intangibles dans le but de
conserver une cohérence d'ensemble et de répondre aux enjeux exprimés dans le
cahier des charges. Beaucoup d'incertitudes existent en effet qui rendent
difficiles les prévisions au-delà d'une dizaine d'années; on sait en effet que les comportements peuvent changer en matière de déplacements, de choix d'habitat, de modes de
consommation et de loisirs…
La restitution du concours par
les trois équipes d’architectes et d’ingénieurs a donné lieu à une grande
exposition au Quai, exposition qui a été visitée par plus de 12000 personnes,
puis à des séances publiques de présentation des projets par les équipes elles-mêmes, également au Quai et auxquelles ont
également participé un millier de personnes.
Le projet lauréat a été celui de
l’équipe Grether, architecte de renom qui mène les projets de reconquête des
quais de Lyon dont le grand projet Confluence en cours de réalisation constitue
le fleuron. Il serait ici trop long de présenter dans le détail le projet
élaboré par cette équipe. C'est celui qui a répondu au mieux aux grandes
exigences du cahier des charges et qui présente le grand intérêt d’être à la
fois très souple et très progressif. Le public dans sa grande majorité, a
plébiscité ce projet qui semble correspondre le mieux à l'identité angevine.
Les grandes caractéristiques de
ce projet sont les suivantes :
-
il apporte une réponse cohérente au problème de la voie
des berges : celle-ci sera transformée par tranches successives et au gré
des moyens disponibles en un boulevard urbain à circulation lente pour réduire les transits inutiles. Ce boulevard sera déporté à l’arrière, le plus loin
possible de la Maine ,
pour rendre la berge à la nature et aux habitants. Le dispositif de desserte du centre-ville
sera complété par un renforcement des transports collectifs dans le sens
Nord-Sud.
-
il a bien tenu compte de l’identité d’Angers dont
l’histoire est écrite de part et d’autre de la Maine , à travers les monuments et les sites de
chaque rive qui ont chacun leurs spécificités. Il propose de multiplier les
liaisons d’une rive à l’autre dont la plupart seront piétonnes ou réservées aux
modes doux, pour bien relier les rives entre elles et les deux quartiers
historiques d’Angers pour élargir le centre-ville. La proposition d'une liaison
constituée d'une passerelle à partir du quai de la Savate prolongée par un
ascenseur permettant de relier la
Promenade du Bout du Monde, a particulièrement séduit les
angevins.
-
les sites naturels sont non seulement conservés mais
élargis grâce au couloir végétal créé le long de la Maine et à la solution
technique proposée (des "plissements") pour rendre la rivière
accessible quel que soit son niveau (le marnage est de 7m, comparable à celui
des marées sur nos côtes).
- il propose enfin la reconquête de la zone de St Serge
avec la végétalisation des berges et la création d'îles, ainsi que la création
d'un quartier dense à l'arrière qui permettra l'accueil d'un nombre important
de logements et d’activités tertiaires de toutes natures dans la continuité de
l'actuel quartier St Serge.
Qu’on ne s’y trompe pas !
La vitalité du Pays Loire Angers
dont fait partie St Barth dépend très largement de l’image et du rayonnement
d’Angers y compris à l'échelle internationale, ainsi que de la dynamique que le
pôle métropolitain sera capable de créer pour attirer des entreprises et de
nouveaux habitants sur notre territoire.
Et puis comme on le sait, chaque
citoyen du Grand-Angers a deux quartiers de prédilection : celui dans
lequel il réside et le centre-ville d’Angers qui a vocation à appartenir à
tous !
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