LE DOSSIER DU MOIS
Biopole :
l’inquiétude grandit...
Les mauvaises odeurs sont toujours là et les mouches n’ont
malheureusement pas pris de vacances... De rafistolage en bricolage dans l’usine,
rien ne change vraiment au point que l’on en vient aujourd’hui à se poser la
question de savoir s’il y a une chance de voir un jour cette usine fonctionner
correctement...
Les nuisances persistent et les riverains sont excédés !
Comme on pouvait le redouter, ça
ne s’est pas arrangé au cours de l’été : il y a encore eu beaucoup de
journées « parfumées » dans les parages de Biopole et malgré les
traitements hebdomadaires contre les mouches, celles-ci continuent à prospérer.
Les riverains les plus exposés à
proximité de l’usine, sont excédés
tant leur vie est en train de changer avec l’obsession journalière de ces
nuisances subies et que toutes les solutions mises en œuvre ne parviennent pas
à juguler... Devant le manque d’informations sur la nature des produits
chimiques utilisés pour éradiquer les mouches (avec des effets très limités
dans la durée), certains refusent que le traitement soit appliqué chez
eux : ils sont donc amenés à collectionner les rubans adhésifs qu’ils
mettent chez eux au rythme de plusieurs par semaine, pour essayer d’en réduire
le nombre...
Les élus d’ALM y croient encore mais commencent à douter...
A ALM, les élus semblent enfin prendre vraiment conscience
de la réalité des problèmes de Biopole. Ils sont en tout cas pleins de bonne
volonté pour essayer de trouver les bonnes solutions. Cependant la situation
est loin d’être réjouissante tant en effet l’écart entre les résultats obtenus
jusqu’à présent sont éloignés des objectifs du cahier des charges de
l’exploitant.
Qu’on en juge à travers le compte-rendu de la commission
d’ALM du 2 juillet dernier :
« Un incident a
été relevé en février 2012 avec la panne d’une centrifugeuse. Celle-ci a dû
être envoyée en réparation à l’étranger[1]. Une centrifugeuse a
donc été installée de manière provisoire à l’extérieur des locaux pour prendre
le relais, ce qui a probablement été à l’origine des nuisances olfactives et
des nuisances par les mouches.
Concernant les
nuisances, une expertise a été menée auprès de la maitrise d’ouvrage. Les résultats
ont été connus à la mi-juin avec notamment des malfaçons de construction,
d’étanchéité de la toiture, des défauts d’aspiration de la centrale. Les
réparations nécessaires sont aujourd’hui effectuées à 80%.
Les frais liés aux
différentes réparations sont préfinancées par VINCI[2], dans l’attente des
conclusions de l’expertise diligentée par les assureurs du constructeur.
Passage en essais de performance avant
réception du site :
A ce jour, Biopole
traite 60 000 tonnes de déchets[3]). Il faut encore en extraire les refus (ferreux,
plastiques, …), ce qui représente 60% de la masse entrante, alors que Biopole devrait
fonctionner avec seulement 48% de refus maximum.
Concernant la
production électrique, 900 MGW/H devaient être vendus. Au meilleur moment, il
n’a pu être vendu que 600MGW/H. »
Une centrifugeuse défectueuse et quelques malfaçons
seraient donc la cause des nuisances subies par le voisinage et des mauvaises
performances de l’usine. En est-on si sûr ?
De sérieux doutes
sur le procédé TBM avec des échecs répétés un peu partout
Les membres de SEBio ne sont pas convaincus par cet
argument. Ils ont en effet entrepris de faire une enquête très large auprès des
sites où ce genre d’usine fonctionne déjà (Montpellier, Barcelone, Bassano en
Italie...), aidés en cela par une association de la Région Parisienne
(Arivem) qui se bat contre le projet
d’une usine du même type, de capacité encore plus grande et qui serait
implantée en pleine zone urbaine à Romainville. Les résultats de cette enquête
sont pour le moins inquiétants, car, au-delà des divers contextes locaux de
ramassage et de tri des déchets en amont, c’est le process industriel lui-même
qui semble être mis en cause un peu partout.
En résumé, voici ce qui ressort de cette enquête : si
effectivement le procédé de transformation des déchets organiques en biogaz et
en compost utilisable y compris en agriculture biologique, peut fonctionner de
manière satisfaisante, la condition est évidemment que les déchets traités ne
soient pas eux-mêmes pollués. Or, malgré toutes les dernières innovations
technologiques dont l’usine d’Angers a bénéficiées, il semble que le tri
mécano-biologique n’a pas la capacité de séparer correctement les déchets
purement organiques qui produiront le biogaz et le compost, des autres déchets avec
lesquels ils sont mélangés dans les bennes à ordures et qui devront être
recyclés autrement, mis en décharge ou incinérés à Lasse.
Dit plus clairement, le procédé TMB est dans l’incapacité
de trier tous les déchets indésirables qui arrivent dans la poubelle, après
pourtant un premier tri sélectif qui donne des résultats convenables. Il laisse
passer beaucoup trop de plastiques, des morceaux de verre, des silicones et
d’autres divers produits pollués...
Dès lors que le produit entrant dans la chaîne de
traitement biologique n’a pas la « pureté » requise, les produits
transformés à la sortie de l’usine seront eux aussi obligatoirement non-conformes
aux normes d’utilisation :
-
le compost destiné à l’agriculture contient des résidus
plastiques, du verre, voire des polluants siliconés qui pourraient se retrouver
dans la chaîne alimentaire. D’ores et déjà, dans de nombreux endroits, les grands
conserveurs (Bonduelle, Daucy...) et certains agriculteurs refusent l’usage de
ce type de compost.
-
le biogaz lui-même produit par la méthanisation
contiendrait des produits toxiques et corrosifs (composés organiques volatils,
hydrogène sulfuré...) au point que GDF pourrait être amené à ne pas pouvoir le
mélanger au gaz naturel distribué par son réseau
-
enfin, la cogénération et la vente d’électricité à EDF
seraient également un mythe, l’usine étant elle-même très
« énergivore » et consommant jusqu’aux 3/4 de l’électricité produite.
On peut à cet égard écouter – sans forcément prendre pour
argent comptant tout ce qui y est affirmé- l’exposé édifiant qui a été fait au
cours d’une réunion publique à Montpellier au mois de mars dernier par François
Vasquez, porte parole de l’association de défense.
Que va-t-il se
passer maintenant à Biopole ?
Pour l’instant, on veut encore y croire. ALM le maître
d’ouvrage, Vinci le constructeur et Véolia l’exploitant, tentent de régler les problèmes survenus
depuis la mise en route de Biopole. L’usine en est encore dans sa phase d’essai
et de montée en charge, la réception ne devant intervenir qu’en 2013 si le
cahier des charges est respecté par l’exploitant, ce qui est encore loin d’être
le cas. Mais le sera-t-il un jour ?
C’est la grande question. Vinci et Véolia ont mis en place
un lobbying efficace pour vanter l’efficacité du procédé TMB, procédé par
ailleurs faussement paré du label « écologique » et qu’ils cherchent
à promouvoir un peu partout en Europe et au-delà. Ils ont convaincu les élus
d’ALM que c’était la solution miracle pour éviter l’incinération, et on
n’imagine pas qu’ils puissent reconnaître un échec.
On est donc en droit de redouter ce qui va se passer dans
les mois qui viennent si l’échec de Biopole se confirme et s’avère définitif.
On en reparlera ...
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