Rechercher dans ce blog

Le dossier du mois 

« Rives nouvelles » à Angers : une méthode dont St Barth pourrait s’inspirer !

Ce projet d’envergure appelé à se dérouler sur deux ou trois décennies, va entrer dans sa phase opérationnelle après une concertation exemplaire et un concours d’urbanisme qui fixe l’avenir du centre-ville d’Angers autour des berges de la Maine. Une méthode dont pourrait et devrait s’inspirer St Barth pour son propre développement...


L’avenir de St Barthélemy est lié à celui du territoire angevin dans son ensemble. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il faut quelquefois lever le nez pour regarder ce qui se passe ailleurs et notamment dans la ville-centre. C’est elle en effet la locomotive qui peut créer la dynamique pour le développement de l’agglomération dans son ensemble, au bénéfice de l’ensemble de ses habitants.

Nous avions donc présenté ici en son temps les grandes lignes du projet de réaménagement à long terme des berges de la Maine pour les décennies à venir, projet appelé « Rives nouvelles » et qui a pour ambition de restructurer un vaste périmètre de plus de 300ha sur les deux rives de la Maine entre la confluence de la Mayenne au Nord et le Lac de Maine au Sud.

Ce projet très ambitieux et qui fixe un cap au long cours pour l’avenir d’Angers, avait fait l’objet d’une concertation associant un groupe d’une centaine d’angevins volontaires tirés au sort et qui avaient accepté de réfléchir ensemble pendant deux ans sur les grands enjeux de la reconquête des berges de la Maine. L’objectif qui avait été fixé à ce groupe consistait à définir les principes qui devaient guider le choix de l’équipe lauréate à l’issue d’un concours international associant des maîtres d’œuvre étrangers. Une exposition grand public des trois projets concurrents avait également été organisée au Quai avant la décision du jury : les 3000 visiteurs avaient donc pu exprimer leur point de vue et leurs préférences. Au terme de cette procédure exceptionnelle de réflexion, de débats et de concertation, c’est l’équipe Grether-Phytolab... qui avait été retenue.

Comme on le sait, l’ambition du projet consiste à réconcilier Angers et sa rivière en reliant mieux les deux parties du centre historique de part et d’autre de la Maine et en élargissant le centre-ville pour lui donner un nouveau souffle et la capacité d’accueillir de nouvelles populations, des entreprises et des services de haut niveau, des équipements publics et privés...

Il serait bien sûr illusoire de fixer dès maintenant de manière détaillée l’ensemble du programme d’un projet qui doit se réaliser par phases sur plusieurs décennies et qui devra tenir compte de réalités démographiques, économiques, sociales... forcément fluctuantes et évolutives.

La Cale de la Savate et la rive gauche réaménagée

Le futur quartier St Serge et la Maine réaménagée
 En revanche, la prise en compte de certains enjeux environnementaux dans un milieu inondable, de paysages urbains dans la proximité du patrimoine historique de la ville et qui font son identité, de déplacements avec la suppression inévitable de la voie des berges, de respect de l’équilibre entre l’habitat, et les activités qui y seront développés... impose une réflexion préalable pour définir ce qu’on appelle un plan guide. Ce plan doit définir les éléments de base du projet qui resteront intangibles et qui seront donc garantes de la cohérence globale du projet lorsqu’il sera mené à son terme, même si la stratégie et le phasage peuvent changer en fonction des aléas inévitables, des opportunités et des réalités économiques forcément évolutives et imprévisibles sur un laps de temps aussi long..

Et St Barth ?

Ce cas angevin est exemplaire d’une méthode d’élaboration participative d’un projet de grande ampleur, garante de son appropriation par la population concernée. Cette méthode peut être utilisée partout et pour des projets de nature différente, dès lors que la volonté politique existe de ne pas laisser la responsabilité et l’exclusivité des choix de développement aux seuls urbanistes.

Depuis toujours, la municipalité de St Barth s’est refusé à réaliser un schéma directeur à long terme pour le développement de la commune dans son contexte angevin. Pour refuser la démarche, elle a argué du fait que l’on ne peut pas prévoir l’avenir et que ça ne servait donc à rien. Mais la raison principale est autre : en fait, le maire qui a dirigé la commune pendant près d’une quarantaine d’années jusqu’en 2001, n’a jamais voulu se laisser enfermer dans une vision prospective qu’il considérait comme contraignante.

C’est ce qui donne aujourd’hui à St Barth l’impression d’un urbanisme en patchwork, fait d’opérations juxtaposées mais sans réel lien entre elles et avec quelques incohérences difficiles à rattraper : accessibilité et déplacements, configuration des grands équipements publics dans le centre avec une mairie enfermée dans un cul-de-sac, organisation éclatée du commerce...

Les orientations du PLU


St Barthélemy ne peut évidemment pas prétendre au même statut que la ville-centre. Rien ne l’empêche cependant d’utiliser la même méthode prospective pour être également en capacité d’affirmer ses propres ambitions pour l’avenir. Celles-ci pourraient être traduites sous la forme d’orientations stratégiques tenant compte de l’identité particulière de la commune et de son patrimoine. Ces orientations dont certaines sont déjà esquissées dans le SCoT, pourraient également être débattues publiquement pour être mieux comprises et acceptées par le plus grand nombre, et rassemblées dans un plan guide. Ce plan global ne rentrerait pas dans le détail et permettrait de donner de la cohérence aux différentes séquences d’aménagement à engager dans les deux ou trois décennies à venir.

Ce serait à la fois un bel exercice de démocratie participative et un bel outil à la disposition des élus successifs pour travailler dans la sérénité et la continuité, en sachant de quelle manière leur action s’inscrit dans une vision globale et cohérente dans la durée. La finalisation du PLU fournit une excellente opportunité pour engager une démarche de ce type : pourquoi ne pas la saisir ?


Aucun commentaire: